Découvrez le texte en sous-titres de la vidéo Viva la Revolución ! sans images, dans ce nouvel article de blog.
Parce qu’à la base, on pensait que ce ne serait qu’un simple billet de blog. Durant l’écriture, nous avons réalisé qu’il y avait trop de choses à dire. Qu’on aurait moins de chances d’être entendu.e.s avec notre énorme pavé indigné. Et puis un matin, avant de me réveiller, j’ai pensé au format vidéo. On était prêt.e.s à s’engager pour défendre nos valeurs, lever le voile sur les coulisses de notre activité avec créativité C’est comme ça qu’elle est devenue notre projet confiné. .
Ce texte a été écrit par mes soins, pour poser les limites aux entraves de notre travail. Je suis arrivée à ce résultat, grâce aux relectures et échanges avec plusieurs personnes qui ont permis de le faire évoluer. Merci pour votre temps et vos apports. Merci également à notre entourage présent depuis les débuts de DAMOiSEAUX. Sans toutes ces personnes, la vidéo n’aurait pas été telle qu’elle est.
Il s’agit de rendre visibles, les codes invisibles du capitalisme, ces pratiques bien organisées, pour favoriser les dominants et opprimer les dominés. Entre culture du patriarcat, green-washing et course aux €€€, nous sommes loin d’être les seul.e.s à être touché.e.s par ce fléau et nous devons parler pour que cela cesse.
Nous tâchons de nous servir de de notre colère pour faire bouger les barrières, pour faire respecter le travail de toutes et tous. Trouvons des solutions alternatives, collectives et constructives.
Ce n’est pas une vengeance, c’est une R.évolution ! ✊
Mesdamoiselles, Mesdamoiseaux,
nous interrompons le cours de nos activités
le temps d’un interlude
Viva la Revolución !
Oyez, Oyez !
Bonjour, je prends la parole aujourd’hui, en tant qu’Anaïs, entrepreneure et styliste de la marque DAMOiSEAUX car je suis indignée des pratiques pernicieuses, qu’une “start-up solidaire” se permet de nous infliger en coulisses.
Il y a + de 6 ans, je me suis lancée dans l’entrepreneuriat, pour développer une mode créative et indépendante, en direct sur Internet. Nous avons commencé en 2014 avec les Caleçons de Jouvence, des caleçons éco-conçus à partir de linge maison 2de main. Mon binôme Ghislain est motion-designer, il gère les contenus graphiques, et moi, je m’occupe du reste. On n’a pas de moyens financiers, notre moteur c’est la créativité. On prend le temps de travailler sur nos idées de style, graphisme, communication, site web… On s’occupe de tout, 0 employé et quand c’est le rush, on sous-traite en local avec des couturier.e.s. On est reconnaissant.e.s d’avoir des client.e.s trop cools, qui nous motivent et nous soutiennent depuis longtemps.

Trouver une idée de business easy, sans sortir de son lit.
Depuis ces 3 dernières années, la mode éco-responsable est une véritable tendance de marché. A cet effet, des entreprises naissent pour répondre aux besoins du moment.
En juin 2018, on est contactés sur Instagram par H, un entrepreneur-start-uper qui recycle de pneus en ceintures. Il nous écrit pour nous dire qu’il adore notre projet, puis un peu + tard, pour nous demander où récupérer des tissus à upcycler. Pendant un an et demi, sa marque regardait assidûment nos stories, elle était omniprésente dans nos notifications, je pensais que c’était friendly.
C’est surtout une stratégie marketing pour savoir si un projet peut rapporter gros, et ce, sans rien faire ! C’est simple, il suffit de regarder les autres tester le marché pour toi. Tu examines leur développement, leurs échecs, et s’ils ont des clients, banco tu te lances. Parce qu’ils valident un marché potentiel, tu peux alors anticiper un développement de l’activité à + grande échelle. Là tu fais juste bien attention à développer un élément différenciateur, “ta singularité” pour ne pas qu’on t’accuse de plagiat après.
Ensuite, c’est easy, t’as plus qu’à verrouiller ton business plan, en ajoutant toutes ces observations dedans, tu mets plus de moyens financiers pour booster la fusée et basta !

Le 28 octobre 2019, H nous recontacte pour se disculper du reste à venir la semaine d’après : « Il y a quelques mois, on nous a proposé de revaloriser davantage de vieux tissus. On va se mettre à faire du caleçon entre autres.» Et tout ça, sous le prétexte qu’ : « on est encore trop peu d’acteurs sur ces produits de slow fashion, et nous ne nous marchons pas sur les pieds, mais plutôt l’inverse. Nous agissons ensemble pour faire bouger les choses. »

L’entrepreneuriat, le choix judicieux des mots.
Message officiel : il faut agir collectivement pour avancer, plus on sera à faire de l’Upcycling, mieux ce sera pour la planète.
Officieusement : la simple réception de ce “message préventif” entraîne notre accord tacite, pour que cet entrepreneur avec + de moyens et de contacts, s’approprie notre judicieuse idée de caleçons upcyclés.
Et donc début novembre 2019, le jour du lancement de leurs caleçons, une dizaine de personnes nous partagent les posts de cette marque, qui fait sa promo avec nos termes du CHiLL CLUB, copié-rafistolé sans complexe.
Exaspéré.e.s, on dénonce ces abus en stories auprès de nos abonnés, qui sont eux aussi scandalisé.e.s. H réplique illico mais discret par mp, plutôt que d’assumer sa responsabilité, il se dédouane en remettant directement la faute sur sa collaboratrice. Il insinue que c’est un hasard si le mot “chill” est employé et boucle rapidement l’affaire en se disant : « désolé si tu es persuadé que nous avons analysé toute ta marque pour copier. Ce n’est pas du tout le cas. […] D’un point de vue de style nous sommes partis d’une feuille blanche. »
Donc :
- Il est désolé pour moi et en + je serais sujette à des hallucinations.
- D’un point de vue de style il est parti d’une feuille blanche, et d’un point de vue du reste ?
- J’ai des captures de messages de sa part, en juin 2018 pour dire qu’il adorait notre projet, en octobre 2019 pour dire qu’il allait faire la même chose mais il n’a rien analysé pour copier.

A quoi bon argumenter avec ce genre d’homme ? D’ailleurs, aucun contact direct avec une de ses collaboratrices, bien qu’elles soient mises en avant dans leur communication, je n’ai échangé qu’avec H.
Le boomerang déclic.
Depuis, j’évitais soigneusement toute veille à son sujet, mais même avec mes œillères, ça fait 6 mois que ça me revient sous les yeux inopinément. Comme un boomerang que je n’aurais pas vu partir, ni même lancé. Avril 2020, rebelote !
On me tague sur une vidéo Brut à 2 millions de vues, où l’on voit H présenter son projet de caleçons. Tel un politicien en campagne, il prend le temps d’aller faire un tour dans le poulailler, tout en évitant sciemment, de raconter l’histoire de son idée.
Et puis, on y aperçoit une photo de leur campagne de com’, j’en fais une lecture des éléments visuels. On voit cet homme qui s’exhibe en plein milieu de l’espace public, l’air désinvolte avec son pantalon baissé aux pieds, pas peu fier de sa parade de kéké, il impose son capital virilité et tenterait même d’insinuer qu’il en a dans le paquet…
J’ai l’impression d’assister à un mauvais sketch, en faisant quelques recherches, je découvre par un article de BFMTV que cette start-up :
- a 2 ans et demi d’existence à peine
- cumule + de 250 000€ de chiffres d’affaires en 2019
- a récemment participé à une émission sur M6 appelée “Qui veut être mon associé ?”
- signe des contrats avec la grande distribution pour revendre dans 500 magasins.
Des activités similaires peuvent co-exister en harmonie, mais pour ce faire, il faudrait être un tant soit peu honnête dans sa démarche. Quand le “spécialiste de la ceinture en pneu” qui nous suit tous nos réseaux, décide de diversifier son offre avec du tissu recyclé, il fait quoi ? Des caleçons. On ne voit pas le rapport mais on voit bien l’opportunisme.
Si j’avais osé m’inspirer d’une marque à ce point, j’aurais fait parler d’elle pour partager ma visibilité. H est plutôt du genre à laisser entendre que c’est son idée d’entrepreneur 2.0, où “agir ensemble pour faire bouger les choses” signifie juste que le marché est assez favorable pour s’y implanter, sans concurrent redoutable.
2 Options acceptables de réaction : le Silence (et donc la soumission) ou la campagne marketing funky pour accueillir le nouvel arrivant (et donc l’hypocrisie). Sérieusement ?
ViVA LA REVOLUCiÓN ! ✊
Concrètement, notre marque est trop petite pour lutter, nous n’avons pas assez de visibilité pour contester. Et comme il a pris le soin d’affirmer sa “singularité” avec des caleçons bi-goût, cela détourne l’attention.
Ce genre de plagiat dissimulé est répandu dans le secteur de la mode où il y a peu de chances de faire valoir l’abus d’inspiration. Tout le monde vous dira que c’est trop d’énergie pour de maigres contreparties. Alors les lois du marché néolibéral nous imposent de se taire et laisser faire. Tout ça le start-upeur il le sait, ça doit faire partie du plan de lancement de son nouveau produit, section « menaces /opportunités ».
En tant que styliste, inventer la mode, c’est un travail de créativité. Pour la start-up nation effrontée, c’est juste une affaire de marché à inonder. Parce nous avons moins de 10k abonnés, et pas d’ambition +200 % à l’année, on considère que notre marque a peu de légitimité sur le marché.
Nous trouvons déplorable de puiser sans vergogne dans le travail des créati.f.ve.s sous la protection du saint esprit mercantile. La créativité est impalpable, elle ne se monnaie pas, alors le capitalisme la malmène à tout va.

Lorsque j’explique ce projet ‘Viva la Revolución’ aux femmes autour de moi, beaucoup me font part d’anecdotes similaires. Des mecs qui les ont court-circuitées et/ou qui s’accaparent leur travail sans pitié. Toi aussi ça t’es déjà arrivé ?
D’un côté je me sens moins seule, de l’autre, je ne peux que me révolter, je vis dans une autre strate du monde de Virginie Despentes.
Je suis indignée par ces soit-disant codes et tous ces procédés enrobés, qu’on nous impose en silence, tout sourire devant les médias. Voilà ma réalité de l’entrepreneuriat. Au vu de tout cela, je refuse de devoir rester discrète et politiquement correcte. Car si je ne le fais pas, jusqu’où ça ira ? Il va bientôt lancer des shorts de bain version bi-goût, c’est ça ?

Une indignation envers ces coulisses de l’entrepreneuriat dit éthique.
En tant qu’entrepreneure, j’en ai ras le bob, de ces H qui se croient tout permis, qui pensent pouvoir tout monétiser, accroître les rendements toujours plus vite, au détriment de la vie des gens. Ils n’ont pas le sens du style, mais ils ont le sens de l’argent, et c’est ça qui nous fait flancher, évidemment.
Est ce que cela vous étonne qu’on dénigre autant le travail des meufs et des moins visibles ? Si oui, lisez au sujet de la Ligue du LoL, autre branche, même petitesse d’esprit.
Je suis agacée aussi par les pratiques marketing qui vident les mots de leur sens, pour vendre à tout prix. En 2020, éthique est un mot à la mode, tout comme éco-responsable, écologique, solidaire, bienveillance… On les lit partout mais ils sont trop rarement conformes à la réalité.
Avoir de l’éthique prévaut dans tous les domaines de la vie, ce n’est pas un menu à la carte, on a une éthique ou on en n’a pas, en fait.
Chez DAMOiSEAUX, l’éthique c’est agir pour un monde vraiment solidaire avec tou.t.e.s, sans discriminations liées aux origines, au genre, à l’orientation sexuelle, au statut social. Avoir une éthique c’est tenir des engagements, aider son prochain de façon désintéressée, avec humanité.

Le green-washing, le social washing, le marketing de l’éthique sont partout. Soyons vigilant.e.s autour du discours des entreprises, ne pas croyons pas tout ce qui est dit, comme une vérité absolue. Renseignons-nous, jugeons de nous-même de la cohérence du discours en cherchant plus d’informations.
Il nous paraît plus que jamais important aujourd’hui, durant cette période de crise d’échanger et réfléchir pour contourner ce modèle dominants-dominés. Nous sommes de plus en plus à en prendre conscience et nous devons agir collectivement, pour créer un monde vraiment différent. Prenons les devants pour se détourner de ce monde qui nous prends pour des cruches.
Consommer = Voter !
La meilleure solution qu’on aurait, c’est celle de notre chère amie Marjorie : ce qui fait peur aux capitalistes, ce ne sont pas nos manifs, ce ne sont pas nos pétitions. Et non !
Ce qui leur fait peur, c’est tout simplement de perdre de l’argent.
En ce sens, notre super-pouvoir des temps modernes, c’est – malheureusement– l’argent.
Donner votre argent, c’est donner du pouvoir : le vôtre !
Votre argent = votre « super » pouvoir
Chaque achat a un impact. C’est un ‘bon point’ que vous attribuez aux entreprises pour les aider à grandir.
Boycottons toutes ces entreprises capitalistes qui nous prennent pour des jambons.
Soutenons les petits producteurs, petits créateurs, coopératives, associations… et toutes les autres initiatives vraiment honnêtes, conscientes, et respectueuses de l’environnement.
Nous avons besoin d’une économie qui respecte tout ce qui est vivant : les animaux, les arbres, les enfants, les femmes, les hommes, les océans…

et TOUTES !
Une chose est sûre : 2020 est propice au changement,
